La Soif des Ardents, 2019-20
Collection Lambert en Avignon, ¡ Viva Villa ¡ Festival
« Ils entament leur cortège à l’orée du cénotaphe éclairé. On voit les Ardents brandir des brandons. À l’avant, les corps revêtent des drapées de nuées lumineuses. Une blancheur irréelle s’évapore des chevelures, comme une légère brume sous la nuit lunaire. Plus loin, derrière les éclats de stroboscopes,des parcelles prennent feu : les Ardents ont le goût du danger. La musique et les rires font rage. C’est un charivari de cymbales et de symboles. Certains ont fugué lorsqu’ils étaient encore enfants. Les mâchoires des jeunesses excessives se serrent ; les sourires monstrueux et les masques hilares remplissent le ciel. Les femmes soufflent sur les braises. Une d’entre elles, couverte de fourrure, lance un projectile lumineux qui laisse une marque incandescente. Les corps des Ardents semblent conducteurs. Face au brasero, ils s’exaltent, s’animent, s’amusent, enflamment les catacombes aériennes. Au bal des survivants, dans le silence ou dans le bruit, les Ardents sont de savants sauvages illuminés. Leurs costumes, leurs plumes, leurs peaux, leurs poils dessinent d’immortelles ombres équivoques.
Ils sont nés des caprices pour éclairer la nuit. »
Claire Peressotti, 2020